Chantal Torre

Après avoir modelé la terre, puis le papier mâché, Chantal Torre explore le pliage et joue désormais avec le papier et le tissu. Roulé, plié, découpé, plié, elle métamorphose et s’approprie la matière pour donner vie à ses œuvres.

Là où le temps est suspendu

Très tôt, Chantal Torre est attirée par les arts et excelle en art plastique. Pourtant, ce sont des études administratives qui lui seront imposées. Durant des années, elle se contentera de pratiquer différentes activités : peinture, émaux, collages… Son envie de créer reste intacte et l’exploration de différents modes d’expression la passionne.

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Dans les années 2000, elle s’initie au modelage de la terre et se forme dans des ateliers d’artistes. La découverte des volumes et du mouvement la fascine.

En 2003, lors d’un stage de création de mobilier en carton, elle découvre le modelage du papier mâché, ce sera une révélation.

En 2006, elle expose ses premières œuvres en papier mâchés sur toile.

Quelques années plus tard, la toile disparait. Restent des bas-reliefs de papier mâchés, qu’elle peint avec des effets de trompe l’œil aux allures de cuir, de bois, ou encore de tôle rouillée.

De 2009 à 2011, elle explore l’univers du pli. Ses volumes muraux épurés seront désormais habités de pliages. Elle poursuit son cheminement et commence à déstructurer entièrement des ouvrages pour exploiter cette nouvelle « matière ».

En 2013, toujours fascinée par le volume et le mouvement, elle se détourne du papier mâché et se concentre sur le pliage travaillant des papiers de plus en plus fins., Cette mue dans son travail artistique la conduit à rechercher de nouvelles sortes de papier. Elle explore les annuaires téléphoniques, les encyclopédies, le code pénal, ou encore du dictionnaire médical Vidal avec son papier « bible » fin et nerveux. Ces ouvrages n’ont pas de connotation affective, comme pourrait l’avoir un livre. C’est donc sans état d’âme qu’elle se plait à les découper pour les transformer en œuvre d’art. Ils échappent ainsi, avec grâce, à leur triste destin.

C’est ainsi qu’au fil du temps, le papier est devenu sa matière de prédilection. Elle le déchire, le plie, le roule, le file, le tisse pour créer des qualités de matières différentes, qu’elle associe ensuite au gré de son intuition, sur un châssis de peintre. La toile fait son retour en tant que support.

Depuis 2015, de tous ces gestes répétitifs, elle va préférer celui d’enrouler le papier. Selon sa texture et sa largeur, il sera enroulé et ré-enroulé pour obtenir des aspects différents.

La réalisation d’une de ses œuvres se déroule toujours en deux temps :

Tout d’abord, elle prépare « sa matière ». Elle roule et enroule durant des heures son papier, transportée dans un état méditatif, hors du temps. Là où le temps est, suspendu.

Vient ensuite le moment de la création. Elle associe les différentes « matières papier » portée par son inspiration : l’infiniment grand et l’infiniment petit. Ses œuvres invitent à la rêverie et à l’évasion. Certains y voient du minéral, d’autres du végétal. Peu importe. Pour elle, c’est le regard qu’on porte sur une œuvre qui lui donne vie.